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An 1563 dans les hautes terres d'Ecosse, la lande est déserte, la forêt lugubre et le vent fait chanter un air maccabre aux cimes. L'herbe humide et gelée ne danse plus sous ce vent titanesque, seuls les pas d'une silhouette noire fait craquer ses pauvres herbes presque mortes. Une contrée déserte pour un être solitaire en quête de sang et de pouvoir. La lune blafarde parfois cachée d'épais nuages noirs semble avoir perdue son éclat face à ce paysage, elle ne semble plus avoir la force de briller de mille feux, elle est résignée face au malheur.

Une longue cape, la tête légèrement relevée afin de sentir le vent sur son visage, quelques mèches de cheveux qui fouettent son visage au gré des bourrasques, un pas sûr font de cette silhouette une menace dans ce paysage désolé.

La fôret chante une complainte en ces temps de guerres et de saccages, la terre a déjà trop bu le sang des valeureux morts ici, rien n'a survécu, les psômes des guerriers fantômes raisonnent dans la lande. Les pleures des veuves et des orphelins sifflent et se mêlent aux craquements des branches, les villageois prétendent que cette terre et cette fôret sont hantées, que des monstres assoiffés de sang vivent ici, que les créatures légendaires ont envahies ces territoires maudits.

Le brouillard se love et rampe aux limites du sol, il s'enroule autour des bottes de la silhouette qui semble plus qu'apprécier ce paysage digne des enfers gelés. Elle se tient là, immobile, à sentir toute la détresse de ce monde sur son visage et elle sourit. Un rictus qui enflamme ses yeux d'une lueur de folie et de désir morbide...elle a faim.

Cette femme, qui ne semble pas effrayée mais au contraire excitée par le milieu dans lequel elle se trouve, a faim. Son estomac la tiraille, ses désirs de sang lui brûlent le corps, il lui faut une victime et vite. La lune se voile comme pour voiler à la créature le reste du monde, dans une tentative désespérée pour sauver les innocents d'une fin tragique.
Elle laisse glisser la capuche de sa cape laissant voltiger ses longs cheveux noirs et son rictus devient un sourire menaçant dévoilant ses canines accerées, cette vampire a faim. Des yeux, elle scrute les alentours cherchant un animal a dévorer ou mieux un humain. Son ouïe aiguisé écoute le moindre son, le moindre craquement pour y décéller une proie potentielle.

Elle demeure ici depuis des siècles, profitant de la vanité humaine pour se nourrir mais maintenant les lieux sont maudits et les légendes sont devenues réalité, il y a bien un monstre qui est maître des lieux et qui tue les malheureux qui s'en approchent.
Plus personne ne vient ici, plus personne n'a le courage ou la bêtise de venir en ces lieux, la jeune femme devra se rendre dans les villages pour se nourrir, la population est grandissante, les malfrats se multiplient et les meurtres passeront inaperçus. Le voile protecteur de la lune ne servira à rien face à la détermination et la soif de la jeune femme.
La vampire tréssaillit en imaginant ce festin qui n'attend plus qu'elle et elle reprit sa marche avide de goûter aux joies de la ville...

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La nuit déclinait laissant la place au petit matin, il semblait faire froid...Froid? Comment pouvait-elle le savoir? Ni le froid, ni la chaleur ne pouvait l'atteindre mais elle estimait qu'il ne faisait pas chaud. Ne plus ressentir les changements climatiques lui manquait parfois, ne plus sentir le froid lui glacer les pieds ou le visage ou la chaleur lui brûler le corps était un manque souvent douloureux mais en des siècles d'existence elle en avait fait son deuil.

La brume était épaisse et enveloppait presque tout, un humain n'aurait pas vu le bout de son nez mais elle voyait des centaines de mètres à la ronde. Le sol craquait sous ses pas, le vent avait cessé de souffler sa colère quelques heures auparavant laissant la nature figée par la peur et le froid. Le ciel était d'un gris à la limite des ténèbres, le soleil ne se montrerait pas en ce jour et la jeune femme fût rassurée.

En 400 ans elle avait acquit assez d'expérience et de pouvoir pour supporter la présence de son ennemi, cet astre que chérissaient les Hommes, à qui ces pauvres humains vouaient un culte sans limite espérant qu'il serait leur rédemption ou la démonstration de leur Dieu. Quelle bêtise! Etaient-ils si sôts au point de voir en cet astre solaire un Dieu? Certes le soleil la rendait plus faible mais sa force était toujours supérieure à celle d'un homme bien constitué, elle ne risquait rien tant que sa présence resterait un songe, un cauchemard issu d'une histoire que l'on raconte aux enfants pour les inciter à être sages.

La femme continuait d'avancer d'un pas tranquille, la fatigue n'était pas un état qui pouvait l'affaiblir sauf lors de grands combats. Elle tendit l'oreille et entendit quelques bruits lointains...Une ville! Voilà qui tombait à point, la faim qui la tiraillait depuis des heures serait bientôt assouvie. Encore quelques heures et elle pourrait établir une stratégie et prendre ses repères, la ville est un superbe terrain de chasse...

Eleanor Trevalyan...Elle avait presque oublié son nom, tant d'années de solitude ou elle n'avait jamais repensé à son nom ou elle n'avait jamais cotoyé autre chose que la mort. Il lui faudrait s'établir un peu en dehors de la ville pour ne pas être trop proches de ceux qui connaissaient et croyaient en son existence. Une bataille en ville ne la laisserait pas dans l'anonymat très longtemps mais si elle attirait leur attention hors de la ville, elle pourrait se livrer aux plus sombres actions de barbarie sans être inquiètée.

la jeune femme jeta un oeil à son sac et constatait qu'elle avait de quoi vivre encore quelques siècles sans être inquiètée financièrement. Vivre parmi les hommes demandait de grandes précautions, ils sont si avides d'argent qu'elle pourrait acheter les services de certains qui ne poseraient jamais de question sur elle ni sur sa façon de vivre...L'argent peut acheter tellement de choses...Le coeur des hommes est si corruptible...

Un bruit la sortit soudain de ses pensées, un cri de femme, elle se figea pour regarder en direction des cris. Une jeune fille courrait presque à bout de souffle poursuivie par 3 hommes qui ne semblaient pas lui vouloir du bien. Eleanor pouvait sentir leur odeur infecte et lire leurs pensées répugnantes...la violer et la tuer voilà leur sombre dessin...

La demoiselle trébucha à quelques mètres d'Eleanor et les pas de ses poursuivants se rapprochaient rapidement...Que devait-elle faire? Ne pas s'en mêler serait une solution idéale, personne ne la voyait avec cette brume mais pourrait-elle supporter les bruits et les supplications de cette jeune fille pendant des heures? Les hommes avaient rejoint la fille et ils marchaient à présent, ils riaient en pensant à leur victime sans défense. Elle était prise au piège, un des hommes se frottait les mains à l'idée de ravager cette pauvre fille qui pleurait. Que faire?...

Eleanor ne prit pas le temps d'attendre et se rua vers eux, elle prit un des hommes et le traîna dans la brume avant de lui planter ses crocs dans le cou, elle le vida de son sang rapidement, il n'eut pas le temps de crier ni de la supplier. Les deux autres étaient sous le choc de la disparition de leur complice, ils cherchaient dans la brume une trace de leur ami. La jeune fille était pétrifiée par la peur, elle ne bougeait pas. Les deux hommes appellaient leur camarade mais rien, il ne répondait pas et ne répondrait plus jamais...

La vampire apparût près de la jeune fille, attendant que les deux hommes réagissent enfin. Un des hommes tenta de se ruer sur elle mais elle lui brisa le cou d'un mouvement vif, l'homme s'écroula à ses pieds dans un craquement morbide. Le dernier assaillant voyant son complice à terre prit la fuite, la vampire attendrait quelques secondes avant de le poursuivre. Eleanor tourna son regard vers la jeune fille qui n'avait pas bougé, elle tremblait et ses yeux était écarquillés, elle ne paraissait pas croire ce qui venait de se passer. La vampire se lança à la poursuite du fuyard, il courrait à perdre haleine mais son destin était scéllé, il courrait en jetant de bref coups d'oeil derrière lui et il heurta la vampire de plein fouet. Il vascilla et tomba à terre, la vampire le fixait et il se mit à la supplier...

"Par pitié Madame épargnez moi!!!"

Eleanor lui adressa un tendre sourire et répondit calmement...

"Toi et tes compagnons auriez épargnés cette fille?"

L'homme était effrayé et ne put répondre à la femme qui se tenait devant lui.

"Tu ne mérite pas ma pitié et encore moins ma clémence, ton châtiment sera une mort douloureuse" Reprit Eleanor

A peine sa phrase finie elle se jeta sur l'homme et le mordit sauvagement, le cou se déchira dans un bruit horrible, la vampire lui arracha une partie du cou et laissa l'homme à terre qui se vidait rapidement de son sang. Une fois le dernier battement cardiaque effectué, elle s'essuya la bouche et retourna vers la jeune fille.

La pauvre enfant n'avait pas bougé, choquée ses larmes coulaient les long de ses joues, elle regardait la femme qui venait de se reposter près d'elle. Eleanor lu dans les pensées de la fille, elle était terrifiée, elle craignait de se faire tuer par cette inconnue qui venait de lui sauver la vie. La vampire lui tendit la main avec le sourire le plus tendre qu'elle pouvait offrir, la jeune fille sursauta et hésita quelques instants...

"Tu ne crains plus rien, je ne te ferai aucun mal mon enfant" Annonça la vampire.

La fille prit la main tendue vers elle tremblottant de tout son corps, elle avait un sentiment de peur mêlé à un sentiment de reconfort. Eleanor retira sa cape et la posa sur les épaules de la jeune fille. Cette dernière fut surprise de voir les vêtement de la femme, elle portait un pantalon et une chemise d'homme, des bottes en cuir noir. Les femmes de cette époque ne portent pas de tels choses, seuls les corsets et les jupons longs sont de bonne convenance. La coiffure de la vampire semblait elle aussi étrange, pas de chignon, ni de rubans, juste les cheveux en liberté, rien en cette femme n'était convenable même si tout lui allait à ravir.

"Je me rend en ville, si tu souhaites m'accompagner je te servirai de protectrice" Lança la vampire.

La jeune fille emit un sourire forcé et terrifié mais accepta d'un hochement de tête de suivre cette inconnue. Eleanor lui prit le bras voyant que les jambes de la jeune fille paraisaient se dérober sous elle, elles entamèrent le chemin de la ville sans un mot. La jeune fille semblait vouloir lui parler mais la vampire ne ferait pas l'effort de l'y encourager, elle n'aimait pas parler ou plutôt elle n'avait pas l'habitude de tout cela, elle laisserai faire la demoiselle sans la brusquer.

...

Après quelques minutes de marche la vampire sentit une odeur de fumée, la scruta vivement les environs et vit une fumée noire. La jeune fille à ses côtés n'avait toujours pas dit un mot, elle avançait tête basse. Eleanor s'immobilisa pour que la jeune fille relève la tête, ce qu'elle ne mit pas longtemps à faire...Elle s'écroula à terre dans un torrent de larmes, le vent commençait à se lever, de légères bourrasques venaient frapper le visage de la vampire qui avait les rivés ses yeux sur l'épais nuage noir.

Elle n'avait pas ressentie une ville mais un hameau saccagé, l'agitation était une attaque et non des bruits de la vie quotidienne...Elle tourna son regard vers la jeune fille qui pleurait le visage enfouit dans ses mains, elle se pencha et lui toucha la main pour qu'elle la regarde.

"C'était.. mon village..." dit la jeune fille

La vampire hocha la tête, elle sentait la peine de cette enfant, que pouvait elle faire pour l'apaiser un peu? Rien...Rien n'apaise le chagrin de la mort.

"Nous allons fouiller les restes du village pour voir si il y a des survivants." annonça Eleanor.

Elle aida la fille à se relever et la soutint de nouveau, il faudrait peu de temps à Eleanor pour repérer les survivants de ce carnage, les battements de leur coeur frapperont ses oreilles bien avant que la jeune fille ne les trouve. Plus personne ne semblait bouger dans le hameau, les assaillants avaient prit la fuite après leur carnage.
Les deux femmes avançaient vers le nuage de fumée, la main de la jeune fille se referma sur celle d'Eleanor, elle avait peur de voir les corps de ses amis et des gens qu'elle aimait. La vampire fût envahie par le flot d'émotions confuses de la fille.

Les toits de chaume brûlaient, les murs de pierres étaient noircis par le feu mais tenaient encore debout, des cadavres d'animaux et d'humains jonchaient le sol boueux. Eleanor regardait la jeune fille en coin constatant que cette dernière pleurait toujours mais semblait très choquée du spectacle macabre qui s'offrait à elle, elle avançait de façon hypnotique vers ce qui devait être sa maison ou celle de ses parents. Tout n'était que ruines, le sang coulait en de petites rigoles serpentantes, l'odeur de la chair brûlée commençait à prendre le dessus sur la chaume humide. La vampire sentait quelques humains encore vivants mais agonisants dans divers endroits du village.

"Restes là, je vais chercher des survivants. Ne bouges surtout pas d'ici!" dit Eleanor.

La jeune fille hocha la tête mécaniquement comme si les mots n'avaient plus de sens et que seule sa raison lui interdisait de bouger, la vampire partit très vite au chevet des mourants, beaucoup de personnes agées, des enfants et un jeune homme. Il aurait pu être beau si il n'était pas maculé de sang, ses longs cheveux blond vénitien attachés en natte, son corps musclé et ses yeux bleus...Oui il aurait pu être magnifique, il paraissait avoir une trentaine d'années ce qui est un exploit en ces temps maudits.
De toutes évidences c'était un guerrier, près de lui étaient posées une épée et une hache, à quelques mètres deux enfants gisaient sur le sol, ce guerrier avait dû tenter de les protèger..

Il avait les yeux mi-clos et regardait la vampire avec un sourire apaisé, Eleanor scruta son âme et perçut qu'il la prennait pour un ange venu lui apporter le salut. Que les hommes sont niais de penser qu'un ange viendra les sauver. La vampire avait les lèvres pincées de colère mais elle se raidit lorsqu'il posa sa main sur la sienne, elle devrait l'achever comme elle avait libéré les autres survivants de leurs agonies. Elle retroussa ses lèvres et montra ses canines pointues au jeune homme...

"'N...No...Non, Je...Je ne vais pas mourir" dit il la gorge sèche

La vampire interloquée lui répondit:

"Si..., tu vas bientôt trépasser et je vais mettre fin à tes souffrances, cela ne sera pas douloureux..."

Il secoua doucement la tête en signe de refus, il se battrait encore pour vivre, il ne voulait pas mourir ainsi. Il était pourtant bléssé au flanc et dans le dos, il luttait pour vivre. Pourquoi voulait-il vivre dans ce monde déchiqueté par la haine? Pourquoi tenter de survivre quand la délivrance est si proche? Eleanor se rendit compte que mourir achevé comme un animal bléssé ne faisait pas partie des morts que souhaitaient les guerriers, elle soupira et prit le guerrier dans ses bras pour l'emporter près de la jeune fille.

Elle n'avait pas bouger, les yeux dans le vide, elle attendait, la vampire déposa le corps du guerrier près de la jeune fille. Eleanor repartit chercher des herbes et du linge pour soigner le guerrier...Le soigner enfin faire semblant surtout, elle était sûre qu'il ne passerait pas la nuit, qu'elle était stupide croire aux miracles, elle avait repéré une maisonné pas trop détruite et décida qu'ils y passerait la journée et la nuit. Eleanor devrait aller chasser pour nourrir les deux humains, elle soupira encore devant sa bêtise et se rendit dans la fôret, elle revint un peu plus tard un chevreuil dans les bras, elle le vida et retira la peau, prépara un feu et une marmitte et mit le tout à cuire.

La jeune fille avait fouiner à droite à gauche et avait trouvé des légumes et du pain, elle mit les légumes dans le chaudron et surveilla le guerrier qu'elle avait lavé et soigné. Lui dormait du sommeil du juste, sa respiration était régulière et lourde, il se mit à ronfler bruyament ce qui fit rire la jeune fille et sourire Eleanor.

"Merci...Merci de m'avoir sauvée et merci pour lui" dit la jeune fille en regardant le guerrier dormir

Eleanor n'avait jamais entendue la jeune fille avant cet instant, elle avait une voix douce et mélodieuse, la vampire hocha la tête. Elle ne savait quoi dire, jamais elle n'avait fait preuve de compassion ni de pitié, jamais on ne l'avait remerciée, suppliée oui mais remercié ...jamais.

"Je t'en prie, manges et tâches de dormir un peu." Répondit Eleanor gênée.

Eleanor partirai de bonne heure, elle avait fait ce qu'elle avait pû pour eux, elle ne pouvait pas faire mieux. Elle leur avait sauvé la vie et trouver de quoi se nourrir. Reprendre la route serait ce qu'il y a de mieux à faire et surtout ne pas se retourner, la vampire avait bu plus que de raison et se sentait bien, elle ferma les yeux imitant à la perfection le sommeil humain et attendit que la jeune fille s'endorme à son tour.

...

La jeune fille s'était enfin endormie, plus un bruit ne se fit entendre dans la maisonné, seul le vent et la pluie déchiraient le silence. Eleanor ouvrit les yeux et se releva doucement, sans bruit pour ne pas réveiller les deux humains, elle se dirigea vers son sac puis vers la porte. Une voix l'arrêta la laissant stupéfaite...

"Je sais ce que vous êtes..." Le bléssé l'observait.

La femme se retourna et le fixa longuement, aucun affolement ne pouvait se lire sur ses traits cependant il était dangeureux de laisser un humain connaître son secret.

" Tu te trompes sûrement, la fièvre et tes blessures ont eu raison de ta lucidité, il n'est pas rare de délirer sous l'emprise de la douleur." répondit elle calmement.

L'homme semblait ne pas la croire, il emit un sourire et lui retorqua doucement...

"Vous êtes le maître des terres du nord, vous règnez sur la lande maudite et sur la fôret fantomatique, je connais votre légende. Pourquoi sauver deux humains alors que auriez pu nous dévorer comme le veut votre habitude?"

La vampire ne pensait pas qu'il connaissait toutes ses histoires à dormir debout cependant elle ne défila pas.

"Je ne puis y répondre, je n'ai moi-même pas la réponse à ceci. Je vous ai sauvé la vie et tu garderas mon secret, cela me semble un bon compromis. Dans le cas ou tu parlerai humain, je ne mettrai pas longtemps à te retrouver et à te faire taire à jamais."

Le regard d'Eleanor était devenu menaçant, ses yeux s'étaient assombris telle une tempête qui allait s'abattre sur l'homme. Elle tourna les talons pour se rendre à l'exterieur mais l'homme l'interpella de nouveau.

"Ou vous rendez vous Madame?"

La femme ne prit pas la peine de se retourner et répondit sèchement.

"En ville, vers le sud."

Un bruit de froissement, l'homme s'était redressé comme intéressé par la nouvelle que venait de lui annoncer la femme.

"Nous pouvons vous accompagner Madame, vous aurez besoin d'humains autour de vous pour vous aider à intégrer la population et ne pas eveiller les soupçons sur vous. Laissez nous vous accompagner Madame."

Eleanor serra les poings, cet homme semblait doué d'un grand sens pratique et il ne paraissait pas effrayé par la condition de la femme. Quel fou pouvait proposer son aide à un vampire? N'y avait il aucun instinct de survie dans cet être? Il ne connaissait pas Eleanor et pourtant il voulait l'aider, la peur n'animait pas cet homme comme cela aurait dû être le cas. Les humains fuient inlassablement le danger mais lui semblait vouloir se jeter dans la gueule du loup et quel loup!

Après quelques minutes de silence, la femme se retourna prestement.

"Pourquoi veux tu aider un monstre comme moi? Un être qui terrifie les hommes depuis des siècles, es tu fou? La fièvre te rend t-elle idiot? Je pourrai te vider de ton sang en quelques secondes et tu souhaites rester à mes côtés? Quelle utilité aurai je de vous deux?"

L'homme se redressa un peu plus, animé par un euphorie, il ressemblait aux enfants à qui on donne leur première épée, ses yeux était ravivés d'un scintillement inhabituel et il souriait à l'idée de pouvoir être avec cette femme dangeureuse.

"Madame, vous avez sauvé ma vie et celle de Rawen, vous ne pouvez être un monstre, mon épée et ma hache sont à votre service désormais et je ferai en sorte que votre secret ne soit jamais dévoilé. Ici il n'y a plus rien mais avec vous nous serons plus utile...Et si vous êtes accompagnée par des humains aucun doute sur votre identité, vous serez une Lady accompagnée de ses serviteurs."

La vampire était nerveuse dans son fort interieur, l'homme n'avait pas tort mais s'encombrer de deux humains sera de la folie. Un gémissement raisonna doucement dans la maisonnette, la jeune filleouvrit les yeux et se les frotta lentement, les chuchottements l'avait sortie de son sommeil. Timidement et encore dans les brumes de son sommeil elle demanda.

"Ou allez vous Madame? Vous ne vous enfuyez pas!"

Eleanor sentit que la tâche se compliquait, elle soupira et se rendit près de la fille. Elle approcha son visage devant le regard interrogatif de l'homme.

"regardes moi bien jeune fille, tu comprendras certainement mieux pourquoi je dois partir."

La vampire releva les lèvres laissant appraître ses canines étincellantes, la jeune fille eut un mouvement de recul comme pour se protèger mais elle ne cria pas, elle regardait les crocs de la vampire quelques instants puis riva ses yeux dans celle de la dame.

'Je savais que vous êtiez...différente Madame, je n'en ai pas douté dés que vous m'avez sauver du triste sort que me réservaient ces hommes. Vous êtes un vampire et vous ne m'avez pas tuer, vous êtes une personne charitable et bonne Madame."

Charitable et bonne! Eleanor se serait étouffée si elle l'avait pu, les yeux grands ouverts elle ne savais plus quoi faire, perdue dans ces babillages illogiques, la vampire était choquée et étonnée de voir une telle bêtise chez des humains. Le sac d'Eleanor tomba lourdement sur le sol, comment pouvait on penser et même dire cela d'elle? Elle manquait d'air si on pouvait s'exprimer ainsi la concernant, les murs de la maison semblaient se rapprocher, elle paniquait et avait besoin de sortir d'ici. Elle se rua vers la porte et sorti en trombe de la maison, la pluie battait son visage, l'air lui revint comme une gifle en pleine figure, il lui faudrait réflechir et vite, trouver une solution pour se débarrasser d'eux, il n'était pas possible que deux être humains s'offrent à elle sachant ce qu'elle était, elle leva la tête pour regarder les ténèbres du ciel puis elle ferma les yeux pour se recentrer sur elle même.

Le ciel ne l'aiderai pas, ni les enfers d'ailleurs, elle devrait se décider seule et ne pas faire le mauvais choix. Comment ne pas le faire? Les tuer et brûler leur corps? Ou les emmener pour qu'ils lui apporte le crédit nécéssaire face aux autres humains? Elle resta de longues minutes ainsi avant de se décider à entrer de nouveau dans cette étroite maison étouffante.

Elle fit une entrée calme et posée, elle était trempée des pieds à la tête, elle se dirigea vers le feu de la petite cheminée, elle regardait les flammes danser et lècher le chaudron suspendu. Eleanor scruta les pensées des deux humains et ils n'avaient qu'une crainte...qu'elle les laisse ici. La vampire se décida à répondre à leurs interrogations mentales.

"Bien, je vais vous emmener avec moi, nous partirons dans quelques jours le temps que les blessures soient moins épuisantes. Mais sachez que je ne tolèrerai pas une trahison, ni le fait que vous assistiez à mes repas. Je vous donnerai une solde par mois afin de m'offrir vos services. C'est à prendre ou à laisser, je ne reviendrai pas sur mon offre."

Des gloussements se firent entendre, la fille semblait heureuse et l'homme se contentait de sourire comme si il avait emporté une victoire.

"Oui Madame, nous acceptons" dit-il avec joie.

Eleanor s'en voulait déjà de sa proposition et soupira de nouveau.

"Reposez vous tous les deux, l'aventure sera longue et pénible." dit Eleanor au bord de l'agacement.

Les deux humains se réinstallèrent sur leur couche et plongèrent dans le sommeil, Eleanor restait devant le feu se maudissant d'avoir fait cela.

...

Les jours et les nuits se ressemblaient incontestablement, les deux humains semblaient toujours aussi réjouis, Eleanor ne cachait plus sa véritable identité et personne ne lui posait de question quant à ses expéditions nocturnes. Un matin, elle revenait d'une ballade plus fructueuse que d'habitude, un cortège avait été attaqué, elle avait trouvé une cariole très jolie quoi qu'un peu abîmée aux niveau des roues et quelques miles plus loin deux chevaux prêt à l'atelage.

Le crissement des roues fit sortir les deux humains de la maison, l'homme lui proposa de réparer les roues pour que la jolie voiture soit prête le plus tôt possible, elle le laissa faire et parti s'occuper des chevaux. Les deux bêtes massives etaient baie-brun au crin noir, des robustes chevaux qui pouvaient se déplacer rapidement et longtemps. Les chevaux paraissaient affamés, Eleanor fit le tour du village désolé pour y trouver quelques fourrages et de l'eau. Elle revînt avec le tout puis ils commencèrent à manger, elle avait aussi trouvé une brosse et elle se mit à la tâche de les brosser et les nettoyer. Elle inspectait le moindre recoins des animaux pour s'assurer qu'ils n'avaient aucune blessure.

Leur arnachement paraissait toutefois abîmé, la vampire se rendit auprès des humains et demanda:

"Savez vous ou je peux trouver un nouvel arnachement pour les chevaux?"

L'homme se releva en hocha la tête, il pointa son doigt vers le sud du village et répondit:

"Au sud, à 1 miles il y a une maison, celle du maréchal ferrand qui faisait aussi office de forgeron. Il vendait des équipements pour les chevaux."

Eleanor fit un signe en guise de remerciement, elle se tourna vers l'endroit que l'humain avait indiqué, en effet il y avait une maison qui ne semblait pas avoir brûlée. La femme emmena les chevaux avec elle en direction de la maison du forgeron, elle en profiterai pour regarder l'état des fers. La maison était plus grande que les maisons du village, une étable couverte, un grand four et des enclumes soigneusement ordonnées, des outils en bon état. Une petite grange qui faisait office de réserve, Eleanor força l'entrée et quelle surprise! De beaux arnachements en cuir bien huilés, l'odeur du cuir et fer emplissait la pièce, elle laissa les chevaux et entra pour faire son choix, tout était rangé consciencieusement, des cuirs noirs tréssés, marrons lissés, tous avaient quelques ornements discrets, elle inspecta les mords, elle devait choisir des mords bien adaptés aux chevaux, ils ne sembaient pas farouches il serait donc inutile d'en prendre des trop durs qui pourraient les blésser. Elle porta son choix sur des filets noirs aux rênes striées et des mords souples. Elle retira l'ancien arnachement et testa le nouveau, les deux animaux paraissaient plus détendus avec le nouvel équipement, ils mastiquaient les mords cherchant ou était la fourberie de la torture buccale.

Eleanor était satisfaite de son choix puis elle souleva les membres des deux bêtes pour inspecter les fers, ils étaient anciens et usés, elle devait les changer. Elle avait déjà vu des humains le faire, cela ne semblait pas compliqué en théorie il lui faudrait juste la confiance des animaux. D'un coup d'oeil elle avait les dimensions approximatives des fers, elle entra de nouveau et entreprit de chercher la taille idéale ainsi que des clous, une fois fait elle les mis dans une sacoche qu'elle avait subtilisé dans la pièce, elle scruta la pièce pour voir ce qui pourrait lui être utile, elle vit des armes et toutes sortes de vêtements en cuir et en maille, elle regarda les armes et arrêta son oeil sur une épée très jolie. L'arme possèdait un paumeau de fer et de lacets de cuir, deux manticores ornaient le bout du paumeau, leurs ailes en une savante courbure formait la garde, le fer de l'épée était lisse et finement travaillé, elle prit l'arme pour le jeune guerrier ainsi qu'une nouvelle tenue en cuir et en daim. Elle prit aussi des gants et des couteaux divers ainsi que des dagues et des outils divers.

Eleanor reprit le chemin du village accompagnée des chevau qui la suivait rênes laches. Elle avait, de toutes évidences, commencé à gagner la confiance des deux montures. Un petit sourire se dessina sur son visage, elle aimait les animaux du temps de sa vie mortelle, elle aimait galoper dans les prairies cheveux au vent, sentir la force de son cheval battre le sol tel le tonnerre grondant dans le ciel, cette sensation de liberté et de plaisir quand l'animal s'élançait toujours plus vite, cette intimité avec la nature, cette joie de goûter aux plaisirs simple comme sentir le vent frais sur son visage, le vent emmêler ses cheveux, sentir la force des muscles de son cheval, son crin qui battait au rythme de ses foulées, l'écume qui coulait le long de sa bouche.

Eleanor arriva dans le village et montra ses trouvailles aux deux jeunes humains, le guerrier fut étonné qu'elle ai pensée à lui avec une nouvelle épée et de nouveaux habits, elle jeta les outils à terre puis ramena les cheveaux dans une petite écurie attenante à la maison. La vampire demanda à Rawen de la suivre pour lui dénicher de nouveaux vêtements, elles fouillèrent touts les maisons et y trouvèrent un corset bleu sombre et une jupe d'un bleu plus clair que la jeune fille mit sur le champ ainsi que d'autres vêtements pour lui faire une garde de robe à peu près correcte.

"Cela suffira pour le moment, en ville nous irons faire les échopes des tailleurs pour t'en trouver de mieux" Dit Eleanor

Les deux femmes retournèrent dans la maison ou elles vivaient, la vampire avait vu un coffre et elle entreposa les vêtement de la jeune fille ainsi que ses affaires personnelles, il en faudrait un autre pour les affaires du jeune homme et encore un pour entreposer les outils, les armes et les provisions, une couverture de peau serait aussi du voyage pour protèger les fourrages des animaux.

Ils partiraient tôt demain matin, il ne fallait surtout rien oublier, la femme expliqua aux deux jeune gens qu'ils devaient faire un inventaire de ce qu'ils avaient besoin pour aller en ville, le stricte minimum, ils achèteraient le reste en ville lorsqu'ils s'installeraient.
Rawen prit des herbes, des linges et autres remèdes contre les blessures, des produits pour se nettoyer et quelques linges de maisons. Le guerrier prit des peaux de bêtes, de grandes capes épaisses et quelques babioles compléments d'outils. Eleanor partit chasser pour apporter de la viande et trouva quelques poignées de baies comestibles.

La nuit commenait à tomber, les chevaux étaient prêts, la cariole aussi et les 3 compagnons aussi, après une bonne nuit de repos ils partiraient au levé du jour. Ils auraient environ 3 ou 4 jours de voyage, les deux jeunes gens ne semblaient pas inquiets de ce voyage, ils avaient confiance en Eleanor et savaient qu'elle les protègerait si le besoin s'en faisait sentir. La vampire, elle, paraissait soucieuse, elle n'avait pas voyagé avec des gens depuis fort longtemps. Elle devra redoubler de vigilance, être sur ses gardes sans faillir.

Le lendemain, les deux jeunes se levèrent, Eleanor avait préparé un déjeuner consistant ainsi que les chevaux et ils se mirent en route peu de temps après la fin du repas des humains. Les deux femmes assises derrière le siège du guerrier, il faisait office de cocher et Eéanor d'une Lady accompagnée de sa suivante. L'illusion était parfaite et chacun jouait son rôle, il fallait juste espérer que cette illusion soit durable.

Leur voyage dura 3 jours, ils étaient à quelques miles de la ville, ils arriveraient avant la nuit tombée. Rawen était heureuse d'aller en ville, elle émit de petits gloussements en sautillement periodiquement sur la banquette, Eleanor était amusée de la voir ainsi, elle posa sa main sur celle de la jeune fille.

"Calmes toi, tu auras le temps de te réjouir quand nous serons installés" lança la vampire.

Le guerrier emit un petit rire moqueur et la jeune fille afficha une petit moue boudeuse tout en s'empourprant devant son enthousiasme digne d'une filette. Eleanor sentait les présences des humains de la ville, elle entendait le vacarme des villes qui ne dorment jamais, le jour la vie normale des gens normaux faisant leurs commissions, achats et autres activités futiles qui cédait la place à la nuit et aux gens qui aimaient sortir, boire, jouer et se livrer à divers plaisirs charnels ou non. Deux mondes dans une même cité, deux catégories de gens entre les mêmes murs...

...

...

Peu avant la ville, les 3 voyageurs s'étaient arrêtés à la lisière d'un bois pour se changer, Rawen se changea mais la vampire ne se changerait pas, elle montrerai ainsi son indépendance aux bonnes convenances et éconduirai ainsi tous les gentlemen qui tenteraient leur chance dans leur ébauches de séduction pitoyable.

Elle enfila cependant un pantalon de cuir et une chemise à jabot digne de son rang mais purement scandaleuse, ainsi qu'une veste cavalière noire. Elle noua ses longs cheveux avec un catogan de velour noir et vérifia que ses bottes de cavalier soient irréprochables. Ils se remirent en route et quelques minutes plus tard ils entrèrent en ville, ils traversèrent le quartier pauvre ou les enfants courrent en haillons, leur visages et leurs mains sales et très souvent nus pieds. Les batiment en bois fermés de toutes parts semblaient être des maisons ou les prostituées se livrent pour quelques pièces. Des établissements ou les hommes s'enivrent pour oublier leur condition misérable...

Quelques enfants courraient dans leur direction demandant la charité, la vampire fit un signe au guerrier qui stoppa la voiture, elle regarda les enfants qui paraissaient étonnés de voir une femme vêtue ainsi mais elle ne se vexa pas.

"Tendez vos mains jeunes gens."

Les enfants, qui n'osaient parler, s'exécutèrent vivement pour ne pas déclencher la colère de la femme, elle prit dans son sac une poignée de pièces et en mit 5 dans chaque petites mains tendues. Les enfants, les yeux écarquillés, remercièrent la femme avec timidité et restèrent de marbre le long de la route regardant la voiture s'éloigner.

"Vous avez fait preuve de charité Madame." dit le guerrier en souriant.

Eleanor ne répondit rien et regardait devant elle, elle sentait les odeurs humaines et guettait les conversations des hommes à la recherche d'une lieu pour s'établir quelques temps en attendant de pouvoir trouver une maison à acheter. Elle perçut une discussion de deux hommes dont un qui louait un hotel particulier à la semaine, cela semblait parfait le temps de trouver une demeure un peu isolée.

"Nous devons nous rendre près de l'église, il y a une sorte de salon ou les gens riches se rendent et parlent affaires."

Rawen et le guerrier furent stupéfaits, le mot "église" ne semblait pas convenir vu la condition de leur maitresse. Ils ne firent aucun commentaire et se rendirent à l'église, les gens sur leur passage observaient les étrangers d'un oeil à la fois curieux et méfiant. La vampire pausa sa main sur l'épaule de l'homme pour qu'il arrête les chevaux, ils étaient à la bonne adresse...

Les 3 entrèrent dans l'établissement, des pierres taillées et du bois poli, des ornements en fer forgé et de lourd drappés, un interieur rustique mais très riche pour une clientèle au dessus du besoin. Les clients, hommes et femmes, regardaient les 3 voyageurs, une jeune fille fort bien habillée, un homme fort et puissant sur lequel les femmes jetèrent des regards avides du fait de son apparente virilité et une personne vêtue d'une longue cape, capuche rabattue sur le visage. Eleanor se rendit vers une table près des hommes qui parlait encore de l'établissement à louer.

Ils s'installèrent à la table et la vampire ôta sa cape, des murmures et des regards étonnés se braquèrent sur elle. Les clients surpris qu'une femme puisse être habillée de la sorte la détaillaient de haut en bas et de bas en haut, elle était grande et fine et les vêtements d'homme moulait son corps de façon presque indécente, certains hommes étaient émoustillés de voir un tel spectacle...L'homme qui s'occupait du service approcha et demanda ce qu'il pouvait servir aux 3 voyageurs, la vampire fit un signe de tête à Rawen qui demanda un thé et de quoi manger puis Eleanor regarda le guerrier qui commanda un alcool fort et de la nourriture. La vampire fit un signe de la main indiquant au serveur qu'elle ne prendrait rien.

Les regards lourds s'intensifiaient devant le spectacle, le serveur revint avec les commandes, il fit demi tour quand Eleanor l'interpella...

"Mon brave!" dit la femme

L'homme se retourna prestement.

"Je cherche une habitation à louer, assez grande et pour une durée indéterminée, seriez vous ou je peux acquérir cela?"

Le serveur regarda la vampire qui l'hypnotisait de ses yeux emeraude pâle et son teint d'albâtre. Il acquiessa et fit un signe de tête en direction de la table des 5 hommes. Les mâles en questions avaient entendus la question comme toute la salle d'ailleurs et l'un deux se râcla la gorge prêt à prendre la parole.
Eleanor se tourna de trois quart et croisa ses jambes face à l'homme, il fût surpris de voir la femme le fixer et se râcla la gorge de nouveau, elle attendait qu'il parle et qu'il lui fasse une proposition intéréssante, elle se rendit compte de la gêne que son visage impassible imposait aux humains, elle esquissa un sourire et attendit.

L'homme s'appellait Wilkins, il était jeune et venait d'hériter de quelques domaines et batisses de son père, il cherchait à louer et à vendre ses demeures. Il rougit et avec un sourire gêné il annonça:

"Vous souhaitez louer ou acheter Madame?" il passait le doigt entre son cou et sa chemise comme si cette dernière se resserrait sur sa gorge l'empêchant de respirer.

"Les deux" reprit Eleanor

L'homme ouvrit la bouche et la referma tel un poisson hors de l'eau, la nouvelle l'avait troublée.

"Les deux Madame? Etes vous certaine de vouloir..."

"Oui" reprit elle sûre d'elle d'une voix égale et elle ajouta...

"Je veux les deux, un pour loger le temps que le second soit ordonné selon mes instructions."

Wilkins afficha un sourire de soulagement mais son inquiètude se lisait sur son visage. Il se leva et se présenta, Eleanor se souvenait des convenances qu'elle avait vu peu avant de rentrer en ville, elle tendit la main et l'homme lui prit la main non sans tréssaillir à la froideur de cette peau de marbre et déposa un baiser. La vampire excédée de ces habitudes stupides et si humaines, les changement se faisaient très vite à cette période et les femmes riches aimaient se faire embrasser les mains, encore une idée à la mode se dit elle à la limite du dégout.
Elle réprima son dégout et se présenta.

"Lady Eleanor Trevalyan, ravie de faire votre connaissance Lord Wilkins"

Wilkins était sous le charme tout comme tous les hommes présents, il fût ravi de faire la connaissance de cette femme le premier, ce qui lui vaudrait la jalousie de ses paires. La vampire l'invita quelques instants à sa table en s'excusant courtoisement auprè des amis de l'homme. Il lui parlait argent et lieu des demeures, elle lui expliqua qu'elle voulait une demeure spacieuse et à l'écart de la ville avec des terres immenses, l'homme fut étonnée de la détermination de la femme et lui proposa de visiter quelques demeures et une maison de ville ou elle pourrait loger en attendant de s'installer dans la demeure qu'elle souhaitait acquérir. Elle posa de l'argent pour règler la note au serveur, elle posa beaucoup trop mais cela ne semblait pas la déranger, le serveur s'excusa et lui affirmant que un tiers de la somme suffirait amplement mais elle ne l'écoutait pas et lui fit un geste de la main pour qu'il prenne et cesse de lui parler.

Wilkins resta béat devant le comportement de la femme envers l'argent, elle était visiblement très riche, trop riche pour que l'argent tienne une place importante dans sa vie, elle ne semblait manquer de rien et savait ce qu'elle voulait. Il se frottait les mains intérieurement pensant qu'il pourrait monter le prix de ses demeures sans que la femme sourcille.

"Ne pensez pas, Lord Wilkins, que je ne connaisse pas la valeur des choses, je sais très bien évaluer un bien...une tentative pour m'estorquer plus d'argent qu'il ne faudrait ne serait pas une bonne idée." dit elle un rictus menaçant aux lèvres.

Wilkins choqué par cette réponse de vive voix à ses pensées lui glaça le sang et le figea dans une stupeur certaine. Il hocha la tête et proposa d'aller voir les maisons de ville non loin de là, Eleanor affirma qu'il ne serait pas courtois de laisser les gens avec lequels il était venu, qu'elle attendrai qu'il en termine avec eux pour visiter et s'installer.

Quelques dizaines de minutes après, les murmures n'avaient pas cessés et Wilkins annonça qu'il était prêt à faire visiter les habitations, les 3 voyageurs se levèrent en direction de la porte, une des maison se trouvait près de l'établissement ou ils avaient prit leur repas. Eleanor se tourna vers ses deux serviteurs les interrogeant du regard, Rawen était sous le charme et le guerrier souriait devant le luxe de la maison, Eleanor affirma à Wilkins que cela conviendrait très bien le temps qu'ils installent la demeure. Elle paya un mois entier à Wilkins qui semblait au comble du bonheur et de la stupéfaction. Elle congédia Wilkins en lui fixant rendez-vous le lendemain pour des visites.
Le guerrier prit la parole:

"Lady Eleanor, je vais conduire les chevaux aux écuries et ramener les malles"

"Bien James" répondit elle

Le guerrier fut surpris que la femme sache son nom mais il n'aurait pas dû l'être, elle lisait dans les esprits et savait tout ce dont elle avait besoin de connaître. La vampire et ses deux serviteurs installèrent leurs affaires et amenagèrent la maison de façon à prendre leur repère.

La nuit était calme à part les quelques rumeurs qui animaient les gens de cette ville, des étrangers qui s'installaient faisait tous les potins et ragots des habitants. De la tenue scandaleuse de la femme, de sa beauté sulfureuse, de l'argent qu'elle semblait posséder ainsi que de ses serviteurs auxquels elle faisait attention, tout faisait parler d'elle. Des remarques respectueuses à la remarque déplacée de certains qui aimeraient lui voler une nuit d'amour. Des rêveries de certains qui pensaient qu'elle était un bon parti à marier à ceux qui jalousaient son attitude libérale. Eleanor soupira devant tant de pensées humaines, lubriques, stupides et dénuée d'interêt.

Le lendemain matin Wilkins arriva pour faire visiter les domaines qu'il voulait vendre, le premier fut refusé d'office pour manque de terres au contraire du second qui était exactement ce que la vampire cherchait. Des grilles hautes et lourdes en fer forgé, un jardin colonial typiquement anglais, avec de magnifiques rosiers, des lis et des divers fleurs, des arbres qui formait un domaine de chasse, des écuries assez grandes pour un élevage, une fontaine importée d'Italie quelques mètres devant la demeure. La maison en elle même était un manoir typiquement écossais, des pierres brutes aussi épaisses que larges, de grandes fenêtres et deux tours qui faisaient office d'aile Est - Ouest.

Wilkins précisa que les grands paysans venaient s'occuper du jardin, il est vrai que les manants étaient de bons cultivateurs et de bons paysagistes, qu'il y avait pas moins d'une trentaine de chambres, une cuisine pouvant accueillir une dizaine de domestiques ainsi ques de nombreuses salles assez grandes pour y organiser de grandes assemblées. L'interieur était sombre et triste, le temps des guerres étaient présent dans cette demeure, le peu de décors civilisés n'était pas en accord avec manoir, au contraire ils alourdissaient l'atmosphère. Eleanor décida qu'après quelques changement de décor le manoir serait parfait, ils rentrèrent en ville et ils passèrent chez un homme de loi pour y faire les arrangements nécéssaires, la vampire paya le manoir sans discuter du prix raisonnable qui lui était demandé.

L'après midi elle chargea James de commander quelques meubles et autres éléments de décoration telles des armures, armes, outils et de payer des gens pour nettoyer et installer le tout dans la demeure, elle chargea Rawen de s'occuper du linde de maison et des décorations aux touches plus féminines ainsi que de trouver des domestiques pour le service. Eleanor annonça que James serait intendant et rawen sa femme de chambre si on pouvait dire ainsi, elle ne les voulait pas dans les basses besognes. Ils l'aideraient à gérer le manoir dans le respect et la discipline.

Après 3 semaines, le manoir était enfin prêt, il manquait quelques meubles mais rien de bien alarmant ni de bien nécéssaire pour le moment, ils s'installèrent dans la demeure. Eleanor fit venir une modéliste pour Rawen et elle même et uèn costumier pour James.
Eleanor leur affirma qu'ils pouvaient prendre tout ce qu'ils souhaitaient et qu'ils veulent faudrait une tenue pour chaque occasion et plusieurs du même type pour les journées ou ils ne bougeraient pas du manoir. La vampire commanda des robes, des jupons, des corsets ainsi que des chemises et des pantalons. Monter à cheval en amazone ne lui plaisait pas elle aimait monter à cheval comme les hommes et vu que les chevaux qu'elle avait acheté arriveraient dans quelques mois, elle se devait d'être prête pour une ballade équestre.
James revint vers Eleanor lui tendant une plaque en fer forgé et en etain, elle fut surprise de ce présent et regarda avec un tendre sourire la plaque " Trevalyan's Manor " entouré de deux dragons en furie et des épées croisées derrière l'inscription, elle remercia le jeune homme et le gratifia d'un sourire enjoleur.

La ville murmurait encore sur le compte de l'étrangère habillée en homme mais elle était chez elle à présent et leurs rumeurs ne changeraient rien à ce fait.
Elle se mit à rire en pensant "Que la chasse commence..."

Après quelques jours, le manoir était animé de plusieurs domestiques, Rawen avait expressement ordonné que personne n'entre dans les appartements de Lady Eleanor, elle seule y était autorisée et tolérée. La vampire n'était pas cruelle, ni méchante mais personne n'avait osé désobeïr. Elle connaissait chacun des domestiques et les saluait lorsqu'elle les croisait mais ils avaient un grand respect pour cette femme si étrange aux allures d'homme.

James avait également le droit de la voir, personne ne se posait de question à la raison pour laquelle la maîtresse des lieux ne voulait voir qu'eux dans ses appartements, pour le bureau ou elle faisait quelques affaires, tout le personnel pouvait la voir si le désir lui prennait. Eleanor savait que les gens avait toujours besoin de quelque chose et elle écoutait les requêtes avec compréhension et patience. Lors de ces demandes elle faisait venir ses deux serviteurs de confiance pour qu'ils agissent au mieux.

Aucun des trois protagonistes ne se mettait en colère ou ne réprimandait les domestiques, en peu de temps la satisfaction des gens du manoir se répandait comme une traînée de poudre. Les serviteurs des autres maisons étaient surpris de tant de plaisir au travail, Eleanor était une personne qui ne voulait que le bien de son entourage, pour se faire elle avait demandé à ce que les domestiques soient logés à l'aile Ouest. Rawen et James avait les chambres voisines de la vampire, pour les domestiques ayant une famille, ils pouvait les amener au manoir et les enfants se rendraient utiles. Elle ne voulait pas avoir des gens sots alors elle prit un précepteur pour qu'ils apprennent la bienséance et des cours élémentaires pour les enfants, elle laissait également une partie du domaine pour les jeunes enfants des domestiques. Les gens en ville étaient offusqués du telle démarche et quand elle recevait une Dame ou un Lord qui lui posait la question sur ces étranges faits elle se contentait de sourire en affirmant que pour avoir des bons domestiques il fallait leur accorder quelques petits privilèges.

Eleanor se lança dans le commerce de chevaux, de bijoux, une salle de jeux et autres petites choses qui apporteraient une rente confortable par an. Un homme d'Eglise vint la voir pour plaider la cause des nécéssiteux, elle accepta sans sourciller de participer à la renovation de l'Eglise et de faire un don pour les malheureux. Elle ne savait pas jusqu'ou elle devrait aller pour se fondre dans la masse humaine alors elle fit ce qu'elle pouvait pour être une vraie Lady. Ces conveanances l'ennuyait mais elle ne le montrait pas.
Eleanor ordonna d'acheter la nourriture aux paysans et non aux gros marchands de la ville qui augmentaient les prix outrageusement. La femme aux habilles d'hommes était terrifiante mais bonne auprès des gens, sa réputation commençait à prendre de l'ampleur mais on ne la voyait que très peu, James et Rawen étaient connus comme le Loup Blanc...dés qu'ils étaient là ce n'était que pour satisfaire la Dame et faire de bonnes actions ou de très généreuses négociations.

Le cuisinier du manoir demanda un entretien à la Dame et elle le reçu avec toute la gentillesse du monde, il se demandait pourquoi la Lady ne touchait presque pas à ses repas et si un médecin serait nécéssaire pour la Dame, elle lui avait adressé un sourire et lui avait dit souffrir de peu d'appétit mais que les repas étaient délicieux..."Je vais devoir m'entourer de chiens" avait elle pensé sur le moment. Eleanor chassait la nuit en se faufilant par la fenêtre, elle attaquait les brigands et autres assassins qui fourmillaient la nuit en ville.

Un matin, James arriva dans le bureau de la Dame un énorme sourire aux lèvres, il lui tendit une lettre cachetée, Rawen ouvrit de grands yeux. La vampire n'avait pas levée la tête de ses papiers et annonça...

"Un bal, me voilà dans un sacré embarras"

James riait à gorge déployée devant l'ennui de sa maîtresse, personne ne l'avait vu en robe et encore affublée de bijoux et de coiffures ridicules. Les 'bals' étaient un rassemblement de gens riches, de Dames plus élégantes les unes que les autres et ce serait à celle qui ferait le plus d'effet aux hommes. On y dansait parfois mais c'était une sorte de grand dîner musical ou on discutait de choses futiles et ennuyeuses.

"La saison des bals est ouverte Madame et c'est le premier de la saison" dit Rawen retenant son hilarité

Eleanor soupira et se poussa au fond de son fauteuil, elle songea à cette torture et à son obligation d'assister au premier bal de la saison, ces niaiseries l'agaçait mais elle se devait de faire bonne figure et surtout d'y être présente pour ne pas offusquer ses ôtes. Elle soupira à nouveau et dit...

"Bien, réponds que j'y assisterai avec plaisir James"

Il fit un révérence et parti immédiatement porter la réponse écrite à un valet.

"Que diable dois je faire encore pour être humaine?" demanda t-elle à Rawen

La jeune fille lui expliqua que certaines choses étaient inévitables et que sa bonté lui vaudrait beaucoup d'invitations, la curiosité des riches de ce pays était sans borne. La Dame tapait ses ongles sur le bord de son bureau, elle ne voyait pas comment échapper à ses réunions surfaites et dénuées d'interet. Voir les bâtard du Roi, les Courtisanes et autres femmes trompées ne l'interessait pas, tous les marquis et duc ainsi que les barons lui soulèverait le coeur si elle en avait eu un. Les orgies ne faisaient non plus parti des choses qu'elle appréciait mais elle partirai avant de voir la débauche humaine des nobles qui se donnent bonne conscience le jour et se conduisent encore plus mal que des bêtes la nuit.

Le jour du bal arriva, les domestiques attendaient avec impatience de voir leur maîtresse descendre de ses appartements, Rawen avait fait des merveilles avec les cheveux d'Eleanor à tel point qu'elle eut l'impression d'avoir un nid sur la tête et si un quelconque oiseau apercevait sa coiffure il viendrait s'y installer. La Dame portait une longue robe rouge lie de vin en velour et en soie, un corset bien trop serré qui laissait aucun doute sur sa feminité généreuse, la vampire se sentait étouffer dans cet accoutrement ridicule mais Rawen lui affirma qu'elle était la plus belle Dame qu'elle n'ai jamais vu. La réaction des domestiques confirmait bien les paroles de la jeune fille. Le cocher attendait la vampire et l'aida à monter dans la voiture, elle se sentait ridiculement incapable de faire le moindre mouvement sans aide.

Après vingt minutes de voyage, elle arriva devant la maison ou se déroulait le bal, elle soupira de nouveau le regard livide comme une condamnée qui se rend à l'échaffaud. Elle avança vers la porte mais n'eut pas le temps de frapper, un valet lui ouvrit la porte et baissa les yeux immédiatement en rougissant, la femme se dit soudain qu'elle n'aurait pas dû venir et rester derrière son bureau. Elle entra et fut annoncée, la foule d'invités se retourna, des exclamations murmurées, Lady Crowley qui l'avait invitée s'avança vers elle les mains tendues et un large sourire aux lèvres. Eleanor ne pensait qu'à une chose, soulever sa robe et s'enfuire à toutes jambes mais il était trop tard, elle se contenta de sourire et de se laisser prendre les mains par cette femme qu'elle remercia pour l'invitation. Les hommes avaient abandonnés leurs armures pour des hauts de chausses ridicules qui rendaient très mal avec leurs jambes trop musclées de cavaliers et des vestes qui semblaient les étriquer au plus point menaçant de craquant à la moindre courbette, Eleanor riait interieurement de ce spectacle ridicule. Les moeurs avaient bien changées...

...

Le bal commençait et Eleanor était submergée de questions et de salutations, elle refusait quelques danses en s'excusant gentillement puis se rendit sur le balcon avec un verre d'un alcool quelconque. Le bruit la dérangeait ainsi que la lumière, elle voulait un peu de paix, elle se décida à descendre un petit escalier pour se rendre dans l'obscurité du jardin, elle s'adossa contre un arbre loin du chahut, quelques minutes après 4 hommes arrivaient dans le jardin sans la voir, elle glissa derrière l'arbre pour ne pas être importunée. La conversation de ces hommes portait visiblement sur un complot visant à tuer une jeune homme qui avait prit la fuite.

Ils paraissaient irrités de ne pas avoir de nouvelles de cet homme et de ne pas savoir ce qu'il était advenu de lui mais ils étaient décidés à le faire retrouver et à l'exécuter tel un animal.

"Il nous faut nous débarrasser de Greytercel sans attendre!" dit un homme au bord de la crise de nerfs

"Nous le savons très bien mon ami mais nous avons perdu sa trace et rien ne nous dit qu'il n'est pas déjà dans les parrages" répliqua un autre

"Cela serait facheux et causerai notre perte ainsi qu'à beaucoup d'autres" répondit un autre.

La vampire écoutait ce complot se demandant qui pouvait bien être cet homme qu'ils jugeaient si dangeureux. Elle scruta les esprits pour comprendre un peu mieux et vit des brides emballées de pensées, des images trop vives pour être logiques. Puis elle vit les pensées d'un autre homme qui pensait à elle.

"Vous avez vu Lady Trevalyan? Elle est magnifique, je la prendrai bien comme épouse!" dit il d'un ton dégagé pour calmer ses amis

"Moi la mettre dans mon lit une nuit me suffirait amplement" railla un autre.

"Non, on ne met pas une telle femme dans son lit, on la garde précieusement pour soi" affirma un autre homme

Ils riaient de leur propos futiles mais un des hommes n'avait rien dit, il pensait au fugitif qu'il voulait voir mort. Eleanor vit le visage du fuyard à travers les pensées de cet homme étrangement silencieux, il n'était pas désagréable à voir pour un humain. Eleanor sautait vivement pour se faire entendre et elle fini par retomber sur les graviers non loin des hommes qui se retournèrent sur elle, ils s'inclinèrent en une révérence courtoise et elle les salua en retour.

"Lady Travalyan quel plaisir de vous voir!" dit une voix suave

"Tout le plaisir est pour moi Lord Edmond" répondit elle en souriant

Elle avança tranquillement et passa près d'eux pour scruter une nouvelle fois leur esprit, ils étaient à la fois charmés et méfiants qu'elle ai pu entendre leur discussion aussi minable fut elle. Eleanor continuait de marcher d'un pas sûr vers les jardins éclairés, elle entendit des pas derrière elle et fit volte face...Elle se tenait dignement, levant le menton un air de défi dans les yeux et l'homme s'approcha d'elle.

"Je ne voulais pas vous effrayer Lady Trevalyan, pardonnez moi!" dit l'homme

"Vous ne m'avez nullement effrayée Lord Richard." répondit elle

"Puis je marcher près de vous Madame?" demanda t-il gêné

"Si cela vous chante Monsieur mais sachez que je ne suis pas très éloquante" dit-elle doucement

Lord Richard se pressa de la rejoindre, ils reprennaient la marche dans les jardins éclairés. L'homme paraissait gêné et quelques gouttes de sueur perlaient sur son front, il prit un mouchoir et se tapotta nerveusement le front. Eleanor sentait le malaise de cet homme qui était à la fois impresionné, séduit et effrayé. La vampire continuait d'avancer, regardant droit devant elle. Lord Richard la regardait furtivement et était séduit par le reflet de la lune qui donnait un air irréel à cette femme, elle était aussi belle le jour que la nuit. Il avait de la courtiser sur le champ, de la prendre dans ses bras et de l'embrasser. Eleanor perçut immédiatement les pensées de cet homme et pensa immédiatement que si il osait un mouvement ce serait le dernier qu'il ferait, elle était prête à le vider de son sang si il tentait de la toucher. Elle ecarquilla les yeux quand elle vit l'homme imaginer leur mariage, elle se serait aisément étouffée si elle l'avait pu.

"Vous semblez troublé Lord Richard avez vous quelques ennuis?" dit elle espérant qu'il lui en dise plus sur l'homme dont il parlait plus tôt avec ses pairs.

"Non Madame rien de terrible, juste quelques petites choses incommodantes" répondit il

'petites choses incommodantes' voilà un drôle de façon de qualifier une tentative de meurtre, elle n'aurait pas dit cela pour les meurtres qu'elle engendrait mais l'idée lui paraissait drôle. L'homme s'arrêta brusquement et la vampire fit de même quelques pas après et se retourna prestement.

"Un problème Monsieur?"

"Non Madame, je me posais quelques questions à votre sujet." dit il

"Je vous en prie, posez moi vos questions Monsieur, je tâcherai d'y répondre de mon mieux" rétorqua t-elle

L'homme serra les poings visiblement embarrassé, il prit une longue respiration et commença son interrogatoire...

"Lord Trevalyan vous rejoindra bientôt j'espère, que nous puissions faire la connaissance du chanceux qui vous a épousée"

Elle se mit à rire et répondit "Il n'y a pas de Lord Trevalyan. Il n'y en a jamais eu d'ailleurs"

L'homme sourit et semblait soulagé...

"Permettez moi de vous demander comment une jeune femme comme vous ai pu échapper au mariage et aux obligations féminines"

"Lord Trevalyan, mon père, est mort dans un accident de cheval il y a de cela quelques années, ma mère étant morte à ma naissance, il a souhaité resté veuf et m'élever à sa façon, étant la seule héritière du titre, il m'a enseigné l'art subtile des affaires et de la gestion ainsi que beaucoup d'autres choses que l'on enseigne à des fils. Après sa mort, j'ai hérité de son titre, des terres et domaines ainsi que de toutes les affaires."

Lord Richard fut étonné de l'aisance avec laquelle elle parlait de tout ceci, il se dit qu'elle était un bon parti et qu'elle était pleine d'esprit pour ne pas avoir tout dilapidé.

"Vous ne songez pas à vous marier?" osait il demander

"Dieu du ciel non!" railla t-elle "Pourquoi me rendrai-je prisonnière d'un homme qui me considèrerai comme une potiche à exhiber devant ses amis?"

Lord Richard ne répondit rien et reprit sa marche à ses côtés, la vampire était bonne comédienne, il échaffauda un plan ingénieux, une telle femme ne laissait pas les hommes de glace, elle pourrait les aider à séduire ce Greytercel afin qu'il tombe dans un piège. Pour cela il devait inviter la femme le plus possible dans les bals et les sorties mondaines pour qu'il en tombe amoureux et il profiterai de l'opportunité pour la séduire et la courtiser. L'homme ignorait cependant la nature véritable de la femme, elle lisait en lui comme dans un livre ouvert, elle riait intérieurement, elle ne comptait pas aider ce rustre qui n'avait d'yeux que pour le pouvoir, l'argent et les jolies choses. Ils reprirent le chemin de la maison des Crowley.

Eleanor s'excusa et quitta le bal bien trop tôt pour les hommes et bien trop tard pour les femmes, la vampire n'aimait pas les complots et encore moins être un outils pour les réaliser. Elle remercia Lord et Lady Crowley et s'éclipsa rapidement. Elle rentra au manoir et se changea rapidement, vêtue d'un pantalon noir et d'une chemise de la même couleur, elle partit espionner le reste de la soirée chez les Crowley espérant trouver une raison à ce complot, elle se cacha en haut d'un chêne et attendit que quelque chose se passe. Eleanor n'avait rien à faire de mieux et tout se suspence l'amusait beaucoup, les humains étaient si drôles avec leurs plans et leurs manigances qu'elle était certaine de beaucoup se divertir.

...

Eleanor observait et épiait la maison depuis quelques heures, des rires agités, des hommes et des femmes ivres à la limite de la décadence. Elle esperait en savoir plus des ses gens imbibés d'alcool mais rien de bien concret, un bruit la fît sortir de son état attentif. Un cheval approchait au loin et longeait la maison, l'homme qui le chevauchait semblait hésitant, elle ne comprennait ce qu'il venait faire ici. La vampire guettait le moindre mouvement intérieur et extérieur de la maison, elle sentit la présence de l'homme qui se rapprochait de la maison.

Un voleur peut être? Elle songea qu'un voleur dans un tel domaine n'aurait aucune chance de s'en sortir vivant puis elle perçut les pensées de cet homme, il pensait à sa vie d'autrefois et ses invitations dans ce genre de lieu puis elle écarquilla les yeux quand elle vit l'homme danser avec une femme...son visage...il se jetait dans la gueule du loup. Elle tenta de percevoir sa respiration puis constata qu'il était derrière le chêne ou elle perchée. Elle baissa les yeux et le vit, il était prudent et regardait autour de lui, bien caché, sa respiration était haletante et son coeur battait à tout rompre. Il tentait de grimper à l'arbre ou était la femme...

"Quel idiot de venir ici alors que les hommes de la région veulent sa mort" pensa t-elle

Elle leva les yeux au ciel et pensa à Rawen et James qui avaient prétendus que leur Maîtresse était bonne et charitable, elle prit une profonde inspiration et sauta de son chêne pour attérir derrière l'homme qui tentait de grimper tant bien que mal. La reception fut silencieuse et l'homme ne l'entendit pas. Il était trop occupé à surveiller la maison et les gardes que de s'occuper du danger qui pourrait arriver par derrière. Il tentait d'assurer ses prises sur l'arbre, la femme sourit en le regardant faire.

"Il est très dangeureux de ne pas surveiller derrière soi." dit elle doucement et d'un ton amusé.

Pris de surprise l'homme se retourna hâtivement, se laissa tomber de quelques centimètres, se redressa et la dévisagea, Eleanor ne bougea pas et se contentait de fixer cet homme, il était plutôt bien batît, des épaules larges, d'une taille plus qu'acceptable et un corps loin d'être frêle même sous ses vetements amples. Il la regardait comme si elle était une apparition, elle ne lui paraissait pas réelle de toutes évidences, il resta à la regarder sans dire un mot. Il voulu faire un mouvement rapide vers elle, il devint menaçant et voulut tenter de s'approcher d'elle certainement pour l'attaquer mais elle lui annonça avec le plus grand calme...

"J'éviterai si j'étais à votre place, vous seriez mort avant d'avoir fait un pas, votre gorge serait béante au grand plaisir de vos ennemis."


Eleanor perçut un bruit, deux hommes sortaient de la maison, elle s'approcha vivement de l'homme qui lui faisait face et le força à se baisser.

"Il serait dommage que l'on nous surprenne ici" chuchotta t-elle

Les hommes montaient dans leurs voitures respectives qui ne mirent pas longtemps à partir, la vampire était immobile telle une statue de marbre, l'homme à ses côtés était lui aussi dans le même état, les voitures partirent du domaine et elle sentit le regard de l'homme se tourner vers elle, Eleanor le lacha en signe de sécurité. Elle était un peu troublée par cette proximité, elle n'osa pas scruter l'esprit de cet homme mais en mourait d'envie. Le complot prendrait bientôt tout son sens avec l'arrivée de cet homme en milieu hostile, si une personne le voyait les rumeurs de sa présence iraient bon train.

Elle se redressa et s'adossa contre le tronc de l'arbre, il ne bougeait pas et la regardait, elle baissa les yeux pour rencontrer les siens, il n'avait toujours rien dit, elle se demandait si il n'était pas muet. Elle lisait tant d'interrogations dans ses yeux qu'elle souleva un sourcil de curiosité. Il fronça les sourcils avec un air furieux, Eleanor roula les yeux en signe d'exaspération et soupira...

"N'y songez pas, je vous l'ai déjà dit, de plus vous êtes bléssé vous ne serez pas dur à terrasser pour une personne comme moi" annonça t-elle.

Il ne semblait pas la croire, il emit un rictus mauvais et méfiant, elle souffla de nouveau et en geste habile elle se déplaça comme un souffle d'air et finit derrière lui le mançant d'une dague sur le cou. L'homme se figea devant ce qui venait de se passer. Elle le lâcha et se remit devant lui contre le tronc d'arbre.

"Je vous avais prévenu, vous n'aurez pas le temps de prendre votre respiration que vous serez déjà mort, alors ne forcez pas votre chance Lord Greytercel, je ne suis pas une joueuse qui perd." lança t-elle en le fixant.

Le dos contre l'arbre, elle croisa ses jambes négligeament attendant un geste ou une parole...Si il ne faisait rien, elle aurait encore l'éternité mais lui juste quelques minutes à vivre...Le jour pointait dangeureusement et le jardin serait bientôt éclairé par le soleil.

...

La femme le regarda partir sans bouger...

"Le dispensaire d’Inverness ...un lieu saint, les difficultés commencent..." songea t-elle.

Eleanor irait le voir la nuit tombée, elle fut rasssurée qu'il cesse de se méfier même si il avait tort de le faire. Elle rentra au Manoir Trevalyan, elle salua les domestiques et songea à ce qu'elle allait faire de sa journée. Rawen avait besoin de quelques affaires en ville, Eleanor l'accompagna et paya les notes des différents marchands. L'après midi elle partit à cheval faire le tour du domaine et inspecta les divers lieux.

Le soir arriva très vite et après un bain chaud, elle s'habilla en pantalon et chemise noire, elle mit ses bottes et sa cape et sorti en direction du dispensaire. Elle sentait le malaise s'installer en approchant du lieu saint, elle savait que les parchemins anciens parlaient de sa famille et de la Maîtresse du Nord, elle serait immédiatement reconnue si ele se présentait aux gens de foi.

Elle inspecta les lieux et se concentra pour sentir la présence de l'homme qu'elle avait rencontré plus tôt dans la journée. Elle perçut son esprit et tourna les yeux vers une fenêtre, un petit rebord lui permettrait de s'accrocher et d'ouvrir la fenêtre, les lumières des bougies ou autres lampes à huile la masqueraient le temps qu'elle force la fenêtre. Elle fléchissait un peu les jambes et s'élança vers la fenêtre tel un chat, elle prit sa dague et leva le crochet de fermeture.

La fenêtre s'ouvrit et elle se balança à l'intérieur, elle arriva juste à côté d'une baignoire, pas un bruit dans la pièce, l'homme lui tournait le dos...Elle sourit et dit:

"Lord Greytercel, vous aimez à me tourner le dos."

L'homme sursauta et Eleanor émit un petit rire, la situation était amusante, l'homme avait les yeux écarquillés de la voir devant lui, la femme jouait avec sa dague, une arme que la femme aimait particulièrement. Depuis plusieurs siècles elle entretenait la dague que lui avait offert son père, elle aimait les pierres précieuses qui ornait la poignée et la finesse de la lame sculptée. Les yeux de l'homme allaient de la dague aux yeux de la femme qui lui faisait face. Elle comprit vite que la dague rendait Lord Greytercel nerveux, elle rangea son arme à l'arrière de son pantalon:

"Pardonnez moi, j'oublie souvent que jouer avec une arme peut être déstabilisant."

Il hocha la tête et adressa un sourire timide, Eleanor ne prit pas la peine de scruter son esprit, elle attendait des explications claires. Cependant si elle n'était pas satisfaite de ces dernières elle ne se gênerait pas pour s'y introduire. La vampire vit un signe de Dieu sur le mur, ses yeux prirent un air furieux, comme peut on croire en ces idoles de pacotiles? Elle avait assisté à des sentences de l'Eglise il y a bien des siècles, ces représentants de Dieu qui tuaient des pauvres innocents en prétextant l'hérésie. Elle mérisait ces gens bien plus que les malfrats dont elle se nourrissait. Elle reprit ses esprits et se concentra sur l'homme, les yeux de la femme retrouvèrent un calme immédiat.

Sa haine de la religion bouillonnait en elle mais elle ne devait pas se montrer déstabilisée par sa colère grandissante, elle n'était pas ici pour cela, elle voulait des réponses.
Elle avança vers Lord Greytercel et se posa sur une chaise près de lui, elle croisa les jambes et rejetta ses longs cheveux noirs en arrière découvrant la totalité de son visage, la flamme de la bougie posée sur la rable à côté dansait sur le visage de la femme, elle tapotta ses longs ongles sur la table en signe d'impatience, elle ne bougerait pas sans explications réelle. Elle se prépara aussi à recevoir une foule de questions la concernant mais elle ne pensait pas à cela pour le moment.

"Pourquoi me fixe t il ainsi? La curiosité devrait être passée..." se demanda t-elle intérieurement

...

Eleanor avait écouté le récit de l'homme et tout semblait encore bien flou mais elle ne mettait pas sa parole en doute, il ne paraissait pas en savoir bien plus et s'était ouvert à elle, elle en connaissait bien plus que ne le laissais voir. Il était à la fois passionné et honteux de ce récit, il était tout simplement perdu et victime d'une situation dont il ignorait les tenants et les aboutissants, seule chose qu'il savait c'est qu'une ou plusieurs personnes souhaitaient sa mort.

Elle ne fut pas surprise qu'il lui propose de l'accompagner mais elle avait apprécié le fait qu'il prenne garde à ce que personne ne la voit en ces lieux. Il lui avait aussi proposé de partager son repas, comment allait elle se sortir de ce mauvais pas...

"Je vous remercie de votre invitation mais je ne mange pas comme les hum...enfin comme tout le monde, je dois suivre des repas limités en quantité et surtout veiller à manger ce qui me convient le mieux, c'est pourquoi je ne mange jamais ailleurs que chez moi, mes domestiques connaissent mes besoins et y veillent particulièrement. Mais ne vous privé pas pour moi, j'ai déjà dîné.
Pour en revenir à l'essentiel, je me suis retrouvée invitée au bal des Crowley, étant nouvelle dans la région, ils ont crus bon de m'inviter afin de me faire connaitre de tout le beau peuple de la région. Une femme qui vit seule avec ses domestiques attirent les convoitises, Lady Crowley espérait sans doute me présenter de futurs soupirants." Eleanor se mit à rire doucement imaginant ces pauvres hommes éconduient.

"Pour échapper à cette foule de mâles, j'ai été me promener dans le jardin pour qu'on oubli ma présence quelques temps, les belles paroles de tous cesg ens m'ennuyaient au plus haut point, je me tenais près d'un arbre dans l'obscurité pour éviter les autres convives quand des hommes sont arrivés et ont parlés de vous, ils paraissaient énervés, habités par une rage à votre encontre, ils prétendaient que si vous étiez en vie vous pourriez faire tomber bien des têtes. Pourquoi? je n'en ai pas la moindre idée c'est pourquoi j'ai décidé de partir du bal et de revenir espionner au cas ou des justifications ou des informations échapperaient à certains hommes, l'alcool fait parler autant qu'une confession sur l'oreiller."

Lord Greytercel mageait sa viande sanguinolente avec appetit tout en écoutant la jeune femme, les odeurs de la nourriture humaine dégoutaient Eleanor mais elle fit abstraction de sa nausée pour poursuivre son récit.

"Ce soir, la maison des Crowley sera vide, ils seront au bal de Lord Redfields, j'ai d'ailleurs une invitation pour assister à ce bal qui sera encore une fois d'un ennui terrible mais je ferai une brève apparition pour les remercier et je resterai une ou deux heures pour ne pas sembler inconvenante. J'espère en savoir davantage sur la situation. Ne demandez pas pourquoi cette affaire attire mon interêt, je n'en ai pas la moindre idée, eut être la vie trop calme ne me sied guerre et que j'aime l'action plutôt que l'oisiveté."

Elle se rendit compte qu'elle fixait l'homme dans les yeux pendant son récit et qu'il n'avait pas cessé de la regarder à son tour, il dévorait son repas en la regardant..."Je ne suis pas le désert de votre repas" pensa t-elle en se renfrognant un peu.

"Et bien je crois que tout est dit, pour ce qui est de m'accompagner ce soir pour surveiller, je crois que vous me rejoindrez là bas, dans les jardins cotés sud, je viendrai vous y rejoindre afin de m'assurer que rien de facheux ne vous soit arrivé."

Elle fut prise d'une semi hilarité qu'elle contrôla rapidement pour ne pas vexer son hôte, elle se leva et remit la chaise à sa place. Elle ouvrit les volets interieur ainsi que la fenêtre.

"Au revoir Lord Greytercel."

Eleanor se jeta dans le vide, elle disparut aussi vite qu'elle était venue, elle fila jusqu'à son manoir et se changea rapidement, Rawen lui coiffait les cheveux et la vampire se rendit chez les Redfields pour le bal. Elle fut accueillie par Lady Redfields qui paraissait ravie de la voir. Eleanor remercia son hôtesse et se mêla aux invités, elle regarda une pendule et se rendit compte qu'il ne c'était passé que 40 minutes depuis son départ de chez Lord Greytercel.

Elle souriait se contentant de boire un alcool doux sur le balcon.

...

Après 1 heure passée à écouter les discussions de chacun, Eleanor déposa son verre sur une petite table en fer forgé. Elle reprit la direction du balcon, un escalier étroit et peu solide se trouvait sur le côté. La femme descendit l'escalier escarpé, elle défroissa sa robe de satin et de velour une fois en bas. Elle croisa ses mains d'un air innocent et avança doucement avec grâce.

Le froissement de sa robe sur le sol n'avait rien de discret mais même si elle n'aimait pas cette tenue, le bruit du tissu sur le sol la grisait. Elle se sentait femme et une femme d'aujourd'hui avec toute sa beauté, sa grâce et son innocence. Elle souriait tout en ressentant ette sensation étonnante et plaisante.

Eleanor repensait à son enfance dans les vertes prairies du domaine de son père, lorsqu'elle courrait dans des robes, certes différentes, mais cette sensation d'être désirable. Ses pieds nus, contre l'avis de son père, qui frôlaient l'herbe fraîche et humide, le chatouillement des herbes folles entre ses orteils et surtout le souvenir de sa nurse qui lui avait dit que sa fièvre était dû à son manque de prudence et la colère passagère de son père qui lui avait annoncé qu'une Dame ne marchait pas pieds nus. Elle avait pleuré et son père bien qu'autoritaire et cruel par moment n'avait pû s'empêcher de la prendre dans ses bras puissants pour la réconforter.

Eleanor était nostalgique en repensant à tout ceci quand une odeur réveilla ses instincts, le sang est l'odeur la plus enivrante qui soit pour un vampire, il peut être sucré, salé, un peu acide mais la saveur métallique qui se noue à ces différentes catégories reste sans conteste la plus excitante et provoque l'extase d'un vampire. Elle se rapprochait de l'odeur et sentait la présence de Lord Greytercel, serait-il mort? Elle s'arrêta quelques instans mais elle entendit son coeur battre, elle reprit sa marche tout en veillant à ne pas être suivie.

Elle le vit adossé contre un mur, les haies de fleurs lui aurait donné un aspect irréel si la vampire avait été humaine...des rosiers blancs et rouges s'alternaient, des Covent garden d'un blanc immaculé et des Smooth Velvet d'un rouge foncé comme le vin, leur odeur étaient magique. Eleanor approcha de l'homme et fixa son épaule bléssée, la faim lui tordit soudainement le ventre, elle posa sa main sur ventre essayant de contrôler ses instincts.

L'homme la regardait aussi, il ne l'avait vu qu'en pantalon mais certainement pas habillée en femme, il semblait avoir du mal à la reconnaître.

"Lord Greytercel vous êtes bléssé...désirez vous mon aide pour soulager votre mal?" souffla t-elle.

Il se détendit reconnaissant la voix de la femme et se redressa quelque peu.

...